La fermeture de tous les établissements scolaires  du réseau en Italie  depuis le 9 mars dernier est une première historique. C’est  probablement la mesure la plus forte, avec le confinement,  prise par L’État italien afin d’endiguer l’épidémie de coronavirus.

Historiquement, il faut remonter au mouvement de Mai 68 pour retrouver une situation similaire. A l’époque, et notamment en France, ce mouvement  avait bien entraîné la fermeture  de nombreux établissements scolaires et universitaires mais  ce n’était pas une décision du pouvoir exécutif .

Cette décision historique du Président de la République Emmanuel Macron en France,  et du Président du Conseil Giuseppe Conte en Italie,  bouleverse le monde éducatif, perturbe les apprentissages des élèves, modifie les pratiques pédagogiques des enseignants.

Au Lycée Chateaubriand, ainsi que dans tous les établissements du réseau AEFE,  depuis le 9 mars, Les professeurs proposent un enseignement à distance pour assurer la continuité pédagogique des élèves.

Cet enseignement revêt des formes très différentes, en fonction du niveau de la classe, de la discipline enseignée, des moyens matériels dont disposent les familles, (ordinateur, imprimante…) de la formation initiale des enseignants aux nouveaux outils de communication.

C’est un bouleversement total des pratiques pédagogiques qui demande de la part de l’enseignant un engagement personnel important avec notamment  l’organisation des cours en visioconférence.

Cette crise aura donné le goût du numérique aux professeurs. Elle transformera sans aucun doute les pratiques pédagogiques des enseignants, favorisera les outils pédagogiques créatifs, changera leur regard sur les élèves, et renforcera, je l’espère, les formations numériques pour les enseignants dans un futur proche.

En revanche, il est vraisemblable que ce système d’enseignement à distance ne creuse davantage les inégalités entre élèves. Ceux qui sont bien soutenus par leurs parents s’en sortiront mais malheureusement ce sera plus difficile pour d’autres  qui vivent dans un environnement familial moins favorable.

Les enfants disposant de moins d’espace sont susceptibles d’avoir plus de difficultés à travailler dans le calme. Et, contrairement aux familles disposant d’un jardin ou d’une cour privée, les enfants vivant en appartement n’auront que très peu d’opportunités pour sortir.

Les apprentissages des plus jeunes reposent davantage sur les parents, leur rôle dans l’accompagnement aux devoirs des adolescents se renforce inévitablement.

Pour certains élèves, il n’est pas toujours facile de tenir le rythme. Comme le confient certains, rencontrés récemment en visioconférence,  rester concentré n’est pas chose aisée. L’enseignement à distance demande un véritable effort  de concentration et d’attention de la part des élèves.

Ce type d’enseignement n’est envisageable que de façon temporaire et n’a rien à voir avec un véritable cours en classe devant les élèves. L’enseignement traditionnel est avant tout une relation privilégiée prof/élève et un accompagnement des élèves, ce que permet très mal le tout numérique pour de nombreuses raisons

Cette crise sanitaire, si elle perdure encore quelques mois,  risque d’amplifier les inégalités sociales.Une situation prolongée de confinement pourrait représenter un risque important pour les élèves les plus fragiles.

Dans cette période difficile, il est primordial de concentrer les actions pédagogiques et didactiques et les moyens matériels et financiers sur ceux qui en ont le plus besoin, c’est-à-dire, ceux qui sont les plus vulnérables sur le plan socio-économique.

Olivier Spiesser, Rome le 28 mars 2020